Intervention Conseil Municipal de Besançon – 18/06/15 – Objet de la délibération : Rendre un avis défavorable au projet de décret établissant Dijon comme chez-lieu de la région Bourgogne-Franche-Comté

Monsieur le Maire,

Hier en conseil d’agglomération, vous avez indiqué que cette réforme territoriale était une bonne réforme.
Ce n’est pas mon avis et ce n’est pas non plus l’avis prédominant des élus que je rencontre.
D’une certaine façon, l’unanimité des soutiens en faveur de ce rapport démontre à quel point un certain nombre d’élus sont réservés et inquiets de cette réforme territoriale dont on ne comprend ni le sens, ni la logique.
Pourtant, nous mesurons tous la nécessité de réformer en profondeur et de simplifier nos structures administratives. Je crains que ces objectifs ne soient pas atteints avec cette réforme.
Pour le Mouvement Démocrate, la nomination des capitales régionales depuis Paris va à contre-sens du développement territorial et rappelle une dimension administrative et centralisée d’une autre époque.
Pour le citoyen franc-comtois, à la frustration de la désignation de Dijon, s’ajoutera un sentiment d’abandon et la perception d’une absorption de la Franche-Comté par la Bourgogne.
Je garde en mémoire qu’alors qu’elle n’en avait pas le mandat, Mme Dufay a engagé sans consultation notre région dans cette fusion de façon totalement opportuniste.
Elle ne s’est soucié ni des conséquences sur les citoyens, ni sur les collectivités. Elle a joué éhontément sa carte personnelle.
Besançon et son agglomération en paie aujourd’hui le prix fort.
Certes Besançon et Dijon sont des villes amies mais comment pouvait-on oublier que ce sont aussi des villes concurrentes.
Le ton cordial et enjoué des prises de positions de notre présidente de Région et de son homologue bourguignon il y a quelques mois, n’a jamais trompé personne.
D’ailleurs, le masque est tombé au début du mois de juin lorsque François Patriat a déclaré que « Dijon devait être la capitale régionale ET le siège de la nouvelle région ».
Je rappelle que quelques mois auparavant il déclarait vouloir un équilibre entre Dijon et Besançon !
Un double discours qui démontre un bien curieux sens de l’intérêt commun.
En tant qu’élus bisontins et grandbisontins, nous ne pouvons que vous soutenir dans votre démarche et reconnaître que vous vous battez pour la défense du statut de notre ville et de notre agglomération.
Je ne peux m’empêcher toutefois de remarquer, que c’est au sein de votre propre famille politique que vous vous battez.
Elle aura forcément un impact notamment sur le nombre de fonctionnaires territoriaux dans notre ville.
L’emploi public permet aujourd’hui de maintenir un taux de chômage inférieur à la moyenne nationale, j’espère qu’il ne deviendra pas demain notre talon d’Achille.
Voilà pourquoi, malgré le fait que cette décision est sans doute déjà prise, nous vous invitons à poursuivre dans cette logique de répartition des directions régionales, de compensation et d’équilibre entre les territoires.
Cet équilibre auquel nous croyons va bien au-delà de la désignation de la capitale régionale.
La décentralisation sur l’ensemble de cette nouvelle région est pour nous la seule façon de conserver la proximité, l’emploi et les liens avec les citoyens, les acteurs économiques et les collectivités.
Un débat dans lequel chacun ne défendrait que son propre territoire, serait un bien pauvre débat.
Un pauvre débat dont se délecteraient les partis d’extrême-droite et d’extrême gauche dont les thèses sont humainement et économiquement dangereuses.
Un débat en tout cas dans lequel ni les Francs-Comtois, ni les Bourguignons ne s’en retrouveraient gagnants

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